Une délégation de journalistes et de leaders de l’opinion publique française était présente en Israël du 29 octobre au 1er novembre 2023 pour constater par eux-mêmes à quoi Israël et sa population sont confrontés, de discuter avec des experts et des décideurs israéliens d’opinions diverses et de rencontrer des témoignages d’habitants qui ont survécu à la terrible attaque terroriste du 7 octobre.
« Malgré la guerre, votre venue sur place exprime votre solidarité et vous permettra de rendre compte au monde des atrocités qui ont eu lieu ici » a déclaré Daniel Benlolo, Délégué général du KKL de France, lors de la soirée d’ouverture.
« Le KKL-JNF a été parmi les premières organisations qui se sont mobilisé pour aider les communautés des villes et villages situées autour de la bande de Gaza » a déclaré le directeur général du KKL-JNF, Yuval Eini, soulignant que, entre autres, le KKL-JNF avait aidé à l’évacuation des habitants, proposé des activités éducatives pour les enfants, soutenu financièrement les autorités locales et fourni des équipements d’urgence et l’achat d’ambulances. « Tout comme le KKL-JNF a été un partenaire dans la création des premiers villages juifs sur la terre d’Israël, il contribuera à leur réhabilitation à l’avenir », a-t-il ajouté.
« Il est important pour nous que les journalistes voient de leurs propres yeux la situation en Israël », a déclaré le président du KKL de France, Robert Zbili. « Ce qui s’est passé en Israël peut aussi se produire ailleurs, et ceux qui nuisent aux Juifs aujourd’hui pourraient se propager à d’autres populations à l’avenir » a -t-il ajouté également.
Daniel Saada, ancien ambassadeur d’Israël en France, a dressé un état des lieux de la situation politique et souligné : « Le monde a désormais découvert ce qu’est le Hamas, mais nous connaissons cette organisation depuis de nombreuses années. Gaza aurait pu devenir un paradis pour les Palestiniens, sur la voie vers une solution à deux États, mais à la place nous avons eu la terreur et l’enfer. Ceux qui pensent qu’Israël s’est affaibli découvriront que nous n’avons jamais été plus forts. »
Le député Alon Shuster, résident du kibboutz Mefalsim dans la bande de Gaza, était auparavant chef du conseil régional de Shaar HaNegev, ministre de l’Agriculture et vice-ministre de la Défense. Il a décrit la situation dans la région aux personnes présentes et a déclaré : « Les terroristes voulaient éliminer l’espoir d’un avenir meilleur, et cet espoir a reçu un coup dur mortel. Nous nous sommes lancé dans une guerre que nous n’avons d’autre choix que de gagner. Si nous parvenons à démanteler le Hamas de sa puissance militaire, non seulement les Israéliens auront un avenir meilleur, mais les Palestiniens aussi. Le peuple d’Israël a connu un changement à 180 degrés, passant de la polarisation à l’unité. »
Le général de brigade de Tsahal, Yossi Kupervasser, qui était chef de la division de recherche au sein de la division du renseignement de l’armée israélienne, a expliqué : « De l’autre côté de la frontière vit une société qui se livre à l’incitation et appelle à l’expulsion des Juifs par la force des armes à travers le terrorisme, ce qu’ils appellent Jihad. Leur terrible cruauté soulève une question : s’agit-il d’êtres humains ? Oui, ce sont des êtres humains qui ont subi un lavage de cerveau depuis l’enfance. » Il a souligné qu’il ne s’agissait pas d’un pogrom spontané, comme les Juifs l’ont connu dans l’Histoire, mais d’une force militaire organisée, entraînée et armée par les Iraniens. « Ce qui s’est passé le 7 octobre a non seulement changé les relations entre Israéliens et Palestiniens, mais il s’agit d’un changement global. Nous n’avions pas l’intention de faire la guerre et de prendre le contrôle de Gaza, mais il est impossible d’exister aux côtés du Hamas. »
Douleur et force
Le lendemain, lundi 30 octobre, la délégation a effectué une tournée autour de la bande de Gaza. En chemin, ils ont ressenti l’atmosphère de la guerre, alors que les routes sont presque vides et que la plupart des personnes restées dans la zone sont des soldats et des membres des forces de sécurité. À Ofakim, ils ont rencontré Binyamin Malka, commandant de l’association ZAKA de la ville et président du conseil religieux, chargé d’identifier les corps et de les amener pour l’enterrement. « Je suis actif au sein de ZAKA depuis de nombreuses années et je n’ai jamais vu de telles atrocités » a-t-il déclaré. « Les terroristes ont maltraité des femmes et des enfants, les ont décapités et ont coupé des membres. Les images ne nous quittent pas. »
Les membres de la délégation sont entrés dans un appartement où étaient détenus les otages et ont été choqués de voir les traces de sang et les murs criblés de balles. Ce sont les preuves de la violente bataille qui s’y est déroulée, lorsque les combattants de l’unité antiterroriste de la police israélienne sont entrés par surprise et ont éliminé les ravisseurs en secourant les habitants présents. De là, le groupe a continué vers Sderot, la ville qui subit le terrorisme et les tirs de roquettes en provenance de Gaza depuis plus de 20 ans. « Sdérot est forte et nous allons la reconstruire », a déclaré Doral Cohen, le représentant de la municipalité.
Le Grand rabbin Olivier Kaufman a lu la prière « El Malé Rahamim » ainsi que Kaddish devant le poste de police de Sderot. Celui-ci a été entièrement détruit lors de la lutte contre les terroristes qui s’en sont emparés le jour des massacres.
A l’hôpital Sheba, situé à Ramat Gan dans la banlieue de Tel Aviv, ils ont rencontré le professeur Arnon Afek, directeur adjoint du centre médical. « C’est bien plus qu’une guerre entre le Hamas et Israël, c’est une guerre entre civilisations », a déclaré le professeur Afek.
L’hôpital soigne les civils et les combattants blessés lors de l’attaque terroriste et dans les combats contre les terroristes. Parmi eux Gal Levy, qui a assisté au festival de musique de Ré’im, près de Kissufim et a partagé les moments d’horreur qu’il a vécus. « Nous avons entendu des balles au-dessus de nous et tout le monde a commencé à courir. Je me suis caché et j’ai reçu une balle dans la jambe. La plaie saignait beaucoup et je m’attendais à mourir jusqu’à ce qu’ils me sauvent. »
Elishaï, lieutenant dans la brigade des parachutistes, a combattu au kibboutz Beeri et a été blessé au combat. « Les terroristes se sont déplacé de maison en maison et de famille en famille. Ils ont décapité et assassiné des bébés dans leurs berceaux. J’avais le sentiment que je me battais pour la nation juive, et dès que je serai rétabli, j’ai l’intention de me battre à nouveau. Je ne peux pas rester les bras croisés. »
Dans la soirée, ils ont entendu une conférence d’Itamar Marcus de l’institut de recherche « Palestinian Media Watch ». « Cet événement a été si terrible qu’il a donné à l’Autorité palestinienne une opportunité de s’opposer au terrorisme », a déclaré Marcus, « mais tragiquement, l’AP a continué sur sa voie habituelle et a célébré les atrocités commises par le Hamas ». Marcus a présenté de nombreux clips vidéo dans lesquels de hauts responsables de l’Autorité palestinienne, apparemment modérés, expriment leur soutien aux actions du Hamas et appellent à la destruction d’Israël. « L’Autorité palestinienne n’est pas la solution au problème du Hamas, elle est la source du problème », a-t-il conclu.
L’avocat Maurice Hirsch, lieutenant-colonel de réserve et ancien procureur militaire, a donné une conférence sur le droit de la guerre : « La charte du Hamas est un document antisémite qui porte atteinte à l’existence de l’Etat d’Israël », a-t-il déclaré. « L’Etat d’Israël a le droit de lancer une attaque en état de légitime défense. Israël se conforme au droit international et attaque uniquement des cibles militaires. »
Bombardements et alarmes
Le mardi 31 octobre au matin, la délégation s’est rendue dans les bureaux de la chaîne d’informations « I24News » et ont rencontré Franck Melloul, le patron de la chaîne, ainsi que le journaliste Matthias Inbar, qui leur ont parlé de la situation en Israël et du travail journalistique sous le feu des critiques.
De là, la délégation s’est rendue au kibboutz Guivat Haviva, près de Hadera, qui a accueilli une centaine de familles d’Ashkelon et d’autres communautés du sud, évacuées de la zone de combat. L’évacuation de ces résidents a été rendue possible grâce au soutien du KKL-JNF. Les membres du groupe ont été impressionnés par l’activité pédagogique que le KKL-JNF a proposé aux enfants, un jeu pour se familiariser avec le pays par le biais d’un grand parachute en parapente. Ensuite, ils ont visité un jardin d’enfants mobilisé entièrement pour les enfants du sud.
Rivka Barel a tenu son jeune fils Eytan dans ses mains et a dit aux membres du groupe : « Nous avions vraiment besoin de nous éloigner de la guerre. Les alarmes et les explosions provoquent une grande anxiété chez les enfants, et ils ont vraiment demandé à partir. Ici, ils peuvent jouer librement et profiter des activités du KKL-JNF. »
« J’ai vécu ici une expérience très significative, des rencontres avec la profonde tristesse et la grande colère des gens qui ont vécu les attaques terroristes du 7 octobre », a déclaré Denis Olivennes, membre de la délégation. « Il est désormais clair pour moi qu’une solution politique est nécessaire et pas seulement militaire. »
De là, ils ont continué vers Jérusalem pour une visite de la Knesset, le parlement israélien. Lors d’une réunion avec le président de la Knesset, Amir Ohana, ce dernier leur a déclaré : « Nous avons vécu ici une journée de Shoah. Les terroristes ne sont pas seulement venus pour tuer, ils sont venus transmettre un message. Au nom de la Knesset et de tous les citoyens d’Israël, je voudrais exprimer ma gratitude pour votre présence ici. Nous aurons également besoin de votre soutien à l’avenir, tout en nous protégeant. »
Sur le chemin du retour à Tel-Aviv, les sirènes d’alerte aux roquettes se sont déclenchées et les membres de la délégation ont personnellement vécu le quotidien des habitants d’Israël. Tout le monde est rapidement descendu du bus et s’est allongé sur le bord de la route. Heureusement, le missile a été intercepté par le « dôme de fer », le système de défense israélien anti-missiles et personne n’a été blessé.
Dans la soirée, les journalistes ont entendu les conférences de l’équipe d’experts en sécurité du « Israel Defence and Security Forum » : le général de division Yaakov Amidror, ancien conseiller à la sécurité nationale d’Israël, le général de brigade druze Hasson Hasson et Or Issachar, chef du département de recherche. « L’Etat d’Israël est le premier poste du monde, et ce que nous vivons ici, le monde entier va le vivre », a déclaré Hasson. « Cette guerre nous a été imposée par le Hamas, non pas par des paroles mais par des actes », a déclaré Amidror. Il a souligné que l’objectif est de démanteler les capacités militaires du Hamas et de garantir qu’il n’y aura plus de terrorisme en provenance de Gaza. « Il s’agit d’une guerre visant à restaurer la sécurité dans le sud du pays, à rétablir la dissuasion d’Israël au Moyen-Orient et à combattre l’axe du mal dirigé par l’Iran », a conclu Amidror.
Perte et mobilisation
242 personnes ont été enlevées à Gaza, des bébés et des personnes âgées, des hommes et des femmes, des civils et des soldats. Les membres de la délégation ont assisté le dernier jour, mercredi 1er novembre, à des spectacles déchirants organisés à Tel-Aviv par les familles des otages appelant à leur retour chez eux. Une immense table a été dressée sur la place du musée d’art de Tel Aviv, dressée pour un repas de fête, mais les chaises restent désespérément vides. Une autre pièce montre des chaussures de bébé couvertes de sang. A proximité, les visiteurs sont invités à écrire leurs impressions sur un grand tableau. Un sablier illustre le temps qui s’écoule pour les sauver. De nombreux membres des familles des otages sont présents, discutant avec les visiteurs et partageant leurs souffrances et leurs angoisses, leur sentiment d’incertitude et leur profonde inquiétude quant à leur sort.
Le mouvement « Frères d’armes » s’est mobilisé pour soutenir l’effort militaire et civil et gère une vaste gamme d’achats d’équipements et de fourniture aux forces de sécurité et aux civils dans les zones de conflit. La délégation a ensuite rendu visite aux volontaires de ce mouvement à « Expo Tel Aviv » et a rencontré le bénévole Michel Cef, qui a déclaré : « Le 7 octobre, nous nous sommes mobilisé dans le but de créer l’unité et de collecter les produits nécessaires au profit des soldats et des habitants ». Il a parlé de la variété des activités du mouvement : sauvetage des familles des zones de conflit vers les zones protégées, recherche de solutions de logement pour les familles déplacées, assistance aux forces de sécurité dans la localisation des personnes disparues, soutien aux familles des martyrs, des personnes disparues et des personnes enlevées, transport des réservistes, repas chauds pour les familles des blessés, sauvetage des animaux laissés dans les zones de conflit, achat de kits médicaux. Mais aussi création d’un site mémorial à la mémoire des soldats tombés et des civils assassinés, collecte du matériel nécessaire aux familles et aux soldats et aide aux travaux agricoles. Les journalistes ont visité le grand centre de collecte du mouvement et se sont même porté volontaires pour aider à préparer les expéditions de vêtements qui seront distribués aux familles et aux soldats.
Le voyage est terminé et il est temps de rentrer en France. Les lieux qu’ils ont visités, les personnes qu’ils ont rencontrées et les histoires qu’ils ont entendues ont laissé des traces et aideront celles et ceux qui étaient présents à raconter ce que vit Israël et son peuple dans l’ombre de la dure réalité à laquelle il est confronté. « C’était important pour nous de voir ce qui s’est passé ici, de comprendre les dimensions de la catastrophe », a conclu Elisabeth Lévy, journaliste et membre de la délégation. « Nous avons l’impression que la société israélienne est forte et, malgré la douleur et le chagrin, les gens travaillent déjà à la rénovation et à la reconstruction. »