A l’époque médiévale, se trouvait tous les 20 kms une communauté juive ou un groupement de Juifs. Ce qui permettait à un commerçant de se rendre d’une ville à une autre dans une seule journée et de pouvoir rentrer chez lui pour le Chabbat. Entre la Champagne, la Brie et le Gâtinais, il est facile de repérer les toponymes juif tels « Rue des Juifs », « Rue de la Juiverie », et notamment à Provins, Bray-sur-Seine, Coulommiers, Brie-Comte-Robert, Sens, Melun, Ivry-sur-Seine, etc.
Le Club seniors du KKL, rebaptisé Club’S depuis quelques mois, avait hâte de se retrouver et d’aller s’aérer après cette période de confinement si particulière. Le rendez-vous était pris en ce Mardi 7 juillet 2020, pour une escapade d’une journée en Seine et Marne, et plus particulièrement à Bray-sur-Seine et à Provins, à la découverte de lieux marqués par une certaine identité juive.
Au Moyen-Âge, la ville de Bray-sur-Seine dépendait des Comtes de Champagne. La « Rue des Juifs » devenue la « Rue Emile Zola » témoigne
avant tout de l’existence d’une communauté juive. Par ailleurs, D’Arbois de Jubainville, à travers différentes pièces et documents, a pu faire le recensement des Juifs de Bray-sur-Seine.
Au XIIe siècle, Bray-sur-Seine avait une importante communauté juive, y compris les rabbins tels que Jacob le Tossafiste, et R. Isaac. Plusieurs commentateurs sont nés dans cette ville, tels R. Matathia et Phineas, et il y avait aussi quelques Juifs très riches. En 1191, après le meurtre d’un Chrétien qui avait lui-même tué un Juif, la rumeur courut qu’il aurait été crucifié par ces derniers. Aussi, sur ordre du roi Philippe Auguste, une centaine de Juifs furent brûlés dans cette ville en représailles. D’autres Juifs, pour refus de baptême, se laissent égorger. Après le bannissement de 1306, les Juifs reçurent l’autorisation de retourner s’installer à Bray-sur-Seine. Au Moyen-Âge, le cimetière juif était domicilié sur le territoire de Saint-Etienne-de Sens. C’est dans un acte de 1237 qu’est signalé le cimetière concédé au XIIe siècle par Louis VII aux Juifs de Bray-sur-Seine. Toutes les traces de cette communauté ont été perdues depuis le XIVe siècle.
Provins, capitale des Comtes de Champagne, est l’une des grandes villes du Moyen-Âge à avoir en eux deux juiveries en même temps. En effet, dans la Vallée, près du petit ru, il y a encore une « Rue aux Juifs » et dans la ville haute, il existait « La rue de la Juiverie » qui est devenue la « Rue de l’0rmerie ». Différents écrits en hébreu font référence à de grands Maîtres du Judaïsme français. Un certain Jacob fut identifié sous le nom de Jacob Ben Meïr de Provins. Ce compilateur de textes hébreux et latins fait souvent allusion aux Juifs de Provins. En 1230, Thibault IV, Comte de Champagne, avait conclu avec cette ville un accord par lequel il se réservait tous les droits sur les Juifs. Quant à Haïm de Provins, notable élu de la Communauté, il était chargé de collecter les taxes spéciales imposées uniquement aux Juifs, afin de les verser aux fonctionnaires royaux. Parmi les savants de Provins, il faut citer Jacob, brillant et estimé rabbin qui dirigea au XIIIe siècle l’école talmudique de cette ville.
Son père Meïr, fils du célèbre Elia Ben Juda de Paris, forma de nombreux élèves parmi lesquels l’un était supposé être l’auteur des « Tossafot »
(compléments de dissertations talmudiques). D’après le Dr Félix Pascal, les Juifs possédaient trois synagogues à Provins : une dans la ville haute et deux dans la ville basse, mais il ne reste aucune trace de ces bâtiments. Les synagogues de Provins, d’Orléans et d’Etampes furent converties en église collégiale sous le règne de Philippe-Auguste.
Après la visite richement commentée de ces deux villes médiévales, nos seniors ont pu assister à Provins, à un magnifique spectacle de rapaces « Les aigles des remparts », un bon moment de détente et un vrai plaisir pour les yeux. Bien d’autres lieux avec une présence juive sont à découvrir, mais cela est un autre voyage…
Frédéric VIEY