« Israël, Aujourd’hui et Demain – A la découverte du programme spatial israélien » : c’est le thème de la 6ème édition du voyage annuel que le KKL de France a organisé du 30 octobre au 4 novembre 2019. Lors de ce nouveau séjour exceptionnel, nous avons réuni près d’une trentaine de décideurs politiques, faiseurs d’opinions, journalistes de la presse nationale et régionale, des entrepreneurs ainsi que des universitaires, à la rencontre d’entreprises innovantes de la Strat-Up Nations et des réalisations du KKL sur la Terre d’Israël»
C’est un voyage d’études qui nous a permis de réaliser que l’innovation et le capital-risque sont les principaux moteurs de création de richesse individuelle et nationale autour de la promotion d’entreprises novatrices et de particularités culturelles, militaires et économiques qui font d’Israël une Nation où règne le plus fort taux d’entreprenariat au monde. « Start-up Nation » c’était d’ailleurs le titre d’un best-seller publié en 2009 par 2 auteurs israéliens Dan SENOR et Saul SINGER qui expliquaient comment Israël était en train de faire de l’innovation sa planche de salut.
Un pari réussi 10 ans après dans la mesure où Israël compte aujourd’hui plus de 7.000 start-ups pour un peu moins de 9 millions d’habitants, soit une jeune pousse pour 1.300 habitants. Un chiffre qui place Israël à la 1ère place mondiale loin devant la France (1 start-up pour 7.400 habitants avec 9.000 jeunes entreprises.)
C’est dans ce contexte que le voyage du KKL de France a pu nous faire découvrir la « Silicone Valley », israélienne, qui représente près de 10% du PIB du pays et la moitié de ses exportations, qui est également le 2ème écosystème d’innovation dans le monde, derrière sa jumelle californienne.
Si aux yeux du Monde, Tel Aviv incarne la capitale de la high Tech israélienne, la «Silicon Valley » d’Israël s’étend désormais du désert du Néguev aux rivages de la Galilée, jusqu’aux faubourgs de Jérusalem.
Des entreprises prometteuses, porteuses d’avenir qui sont souvent au top niveau de la high-tech mondiale. C’est le cas des start-ups découvertes dans le cadre du voyage du KKL de cet automne 2019 liées au programme spatial israélien.
Dans ce cadre, Israël allie la capacité de propulser des satellites militaires grâce à des lanceurs israéliens (Shavit), de construire des satellites et de contrôler les missions satellitaires grâce à des systèmes d’exploitation de conception israélienne.
Un programme spatial israélien qui n’a été lancé qu’en 1983 mais qui rivalise aujourd’hui avec ceux des plus grandes Nations de la planète (Etats-Unis, Russie, France et Europe, Chine, ou encore Inde). Des pays avec lesquels Israël a des accords pour lancer ses satellites civils (Etats-Unis, France, Russie ou encore Inde) mais aussi autour de programmes de coopération scientifique comme c’est le cas avec le CNES européen. Avec l’implication au sein de ces start-ups d’ingénieurs français comme Paul Kamoun, ingénieur Supelec qui a travaillé dans l’industrie spatiale française et européenne avant de faire son Alya et de travailler au développement de start-ups liées à l’industrie satellitaire comme « Effective Space ». On peut citer aussi Ariel Gomez, de la société Space IL. Ce jeune ingénieur natif de Nice très pointu dans le domaine de l’espace a fait ses études à l’université hébraïque de Jérusalem. Et il est l’un des responsables de l’équipe qui a envoyé la sonde « Beresheet » sur la Lune.Des start-ups dont nous avons pu constater le côté particulièrement innovant dans le cadre du voyage du KKL. Comme « Effective Space Solutions », une entreprise basée à Tel Aviv qui travaille sur un programme visant à envoyer des drones pour ravitailler en carburant des satellites de communication vieillissant de manière à pouvoir les maintenir en orbite pendant 5 années supplémentaires.
En 2020, Effective Space enverra 2 drones satellites de 400 kilos chacun qui se relieront aux satellites de communication à l’approche de la fin de leur cycle de vie actuelle. Effective Space a été fondée en 2013 par Arié Halsband, ancien directeur général de la division spatiale d’IAI (Israël Aerospace Industries). Basé à Londres, Effective Space a son centre de recherche et de développement à Tel Aviv avec 25 ingénieurs. Il faut citer aussi parmi les sociétés qui nous ont accueillies avec le KKL de France: SpacelL, la start-up basée à Yehud au sein du complexe d’Israël Aerospace lndustries qui a donc lancé la sonde spatiale « Beresheet » sur la Lune, le 22 février 2019. Entré en orbite lunaire le 4 avril dernier, la sonde a eu un problème de moteur lors des dernières minutes de vol et n’a donc pas pu se poser sur la Lune. Mais comme nous l’ont confirmé ses responsables, SpacelL a
l’intention de procéder à une 2ème tentative. Autre société qui a suscité l’émerveillement au sein du groupe du KKL de France : « Spacepharma ». Une société basée à Hertzliya, créée en avril 2012 pour créer des laboratoires de recherche miniaturisés basés sur la technologie micro/milli fluidique destinés à être utilisés dans diverses plateformes de microgravité à partir de simulateurs au sol, par le biais de vols paraboliques, de vols sur la station spatiale et des nano-satellites pour développer et produire de nouveaux médicaments et de nouvelles thérapies dans l’espace. De nouveaux médicaments conçus à partir de nouvelles molécules crées en apesanteur et impossible à concevoir sur terre.
« Spacepharam » dispose aussi d’un logiciel exclusif de bout en bout pour l’exploitation et le contrôle de charges utiles de laboratoires miniatures (de quelques centimètres) dans un environnement de microgravité qui transmettra les résultats au scientifique qui effectue l’expérience et lui permet de modifier son fonctionnement en fonction de ces résultats.
Au printemps 2017 « Spacepharma » a remporté le 1er prix des start-ups de la Paris Space Week. Le 21 février 2018, la société a été désignée par le magazine Fast comme le numéro 2 des technologies d’innovation dans le monde.
Des start-ups qui contribuent aussi au développement du désert du Néguev, dont
Beer-Sheva sa capitale est devenue une ville moderne et connectée à l’instar des kibboutzim et moshavim du Néguev qui rivalisent pour innover, comme nous avons pu le constater, développer l’agriculture mais aussi les industries alimentaires, médicales ou spatiales : le tout dans le cadre de la préservation et la défense de l’environnement.
Des start-ups mais aussi de nombreuses entreprises israéliennes et étrangères comme Lockheed Martin, Deutsche Telekom, Oracle ou IBM se sont installées dans 2 complexes ultramodernes bâtis dans le parc industriel « CyberSpark ». Et autour de Beer-Sheva, de nombreux kibboutzim et moshavim sont donc devenus des pépinières de talents et d’innovation. C’est ainsi qu’avec le KKL de France nous avons pu toucher de près la concrétisation du rêve de David Ben Gourion au sein même du Kibboutz Sde Boker qu’il avait créé en mai 1952 et où il est mort le 1er décembre 1973. A quelques centaines de mètres de la maison du Père fondateur d’Israël (qui renferme toujours sa bibliothèque de 20.000 livres) et de la tombe où il repose avec son épouse Paula, s’est développé le Centre d’imagerie spatiale « Venus », né d’une coopération entre Israël et la France.
« Venus » est un microsatellite de surveillance de la végétation et de I ‘environnement qui observe la Terre à l’aide d’une caméra super-spectrale, dédiée à la surveillance de la végétation. Le protocole d’accord entre le CNES français et l’lSA (Agence spatiale israélienne) a été signé en avril 2005 et le satellite lancé en août 2017.
Le CNES est responsable de la fourniture de la caméra super-spectrale et du centre de mission scientifique, l’lSA responsable de l’engin spatial, de l’interface du lanceur et du centre de contrôle du satellite.
Et puis à seulement quelques kilomètres du kibboutz Sde Boker de Ben Gourion, une autre innovation technologique de premier plan nous a marqué. Il s’agit de la centrale solaire « Or Rifman ». Une centrale bâtie autour d’une tour de 215 mètres de hauteur captant l’énergie de 15.600 panneaux solaires et permettant de fournir 2,5 % de l’énergie consommée chaque année dans le pays. Un projet gigantesque qui pour l’heure n’a pas d’égal dans le monde dans la mesure où il dépasse les capacités de la centrale californienne de même nature.
David Ben Gourion, père fondateur d’Israël rêvait de faire fleurir le désert. 46 ans après sa mort, la start-up nation israélienne permet à ce rêve de se réaliser.
Frédéric Haziza